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Alternative Radio

Interview /Coupe/Coupe/

Avec leur premier album, "adieu président", le trio brestois /Coupe/Coupe/ dynamite le zouk antillais en le nourrissant de sonorités krautrock et psyché-rock pour une transe caribéenne aussi dansante que déviante. L'occasion pour Alternative Radio d'aller à leur rencontre...

 

Vous venez tous les trois de formations rock, garage, noise… Comment en êtes vous arrivés à monter un groupe à dominante zouk ?

Coco : Franchement, c’était un peu un pari. On s’est retrouvés, et on s’est dit : « Allez, tiens, on fait du zouk ! » Moi, j’ai découvert Kassav grâce à un tonton fan de Captain Beefheart et d’autres trucs bien chelous. Un jour, il me sort : « Écoute Kassav, c’est super! » Et il avait raison. J’ai trouvé ça génial, alors on a creusé un peu. Mais c’est surtout Kassav qu’on aime beaucoup, vraiment.

 

Donc c’est toi qui as amené le zouk dans le groupe ? T’as réussi à refiler le virus aux autres ?

Loïc : Pas vraiment. Moi, ça fait longtemps que j’écoute des musiques de partout. Mais c’est vrai que l’idée de faire du zouk, c’est venu un peu comme une blague. Genre : « Cap ou pas cap ? »

Titou: Je confirme !!! (rires)

 

Et pour toi, c’est encore un gag aujourd’hui ?

Titou : Un petit peu, ouais (rires). Mais c’est un gag qui marche super bien, en fait.

Coco : Au début, il nous a pris pour des hurluberlus!

 

Pour quelqu’un qui connaît mal le zouk, est-ce qu’il y aurait un disque ou un artiste qui fait office de bonne porte d’entrée ?

Titou : Bah Coupe Coupe, non ?! (rires)

Coco : Sinon, évidemment, Kassav, les années Desvarieux/Décimus (ndlr: membres fondateurs du groupe)

Loïc : Ouais, toute la période début 80, c’est génial.

Coco : Même la fin des années 70 en fait. C’est encore un peu en gestation à ce moment-là, moins zouk à proprement parler, mais tu sens que ça se construit. Et dans les années 80, y’a ce vrai métissage qui s’installe, avec du funk, des synthés, des trucs vraiment chouettes.

 

Et comment vous composez ? Ça part de bœufs, de jams ?

Coco : Oui, c’est souvent comme ça que ça commence.

Loïc : C’est un peu des collages aussi. On a plein de bouts d’idées qu’on enregistre quand elles arrivent, souvent des trucs qui durent 14 minutes… Et après, on assemble. On se dit : tiens, celui-là irait bien avec cet autre passage. Cette intro est marrante, etc... Et on fait nos montages comme ça.

 

J’imagine que vos morceaux ne sont pas figés, qu’ils peuvent évoluer en live ?

Loïc : En vrai, ça bouge pas tant que ça.

Titou : Après, on peut les rallonger un peu, selon l’ambiance…

Coco : Les morceaux plus transe, ouais, y’a plus de flottement, plus de place pour laisser vivre.

Loïc : Mais bon, on est que trois. Dire « on fait complètement différemment », c’est chaud. S’il y en a un qui suit pas, ça peut vite tout faire planter.

 

Vos textes, ce sont souvent des sortes de gimmicks scandés. Vous les écrivez comment ?

Loïc : C’est souvent dans la voiture, en revenant de répète. On réécoute nos jams de 14 minutes, et c’est là que des idées de paroles nous viennent.

Titou : Entre Milizac et Lambézellec, on a écrit plein de textes ! (rires)

Coco : C’est un peu cosmique, cette portion-là.

Titou : Ouais, y’a une longue ligne droite, et il s'y passe plein de choses ...

 

Vous ne faites pas vraiment du zouk pure. Ça serait plutôt une sorte de zouk déviant, où on retrouverait des éléments rock, psyché, noise… Comment avez vous incorporé tout ça ?

Coco : Ça s’est fait assez naturellement. On fait tourner une rythmique zouk, un truc un peu chaloupé… et en bœufant dessus, les choses se mettent en place doucement. On n’essaie pas de coller à la lettre à ce que font les puristes, donc ça donne un truc plus métissé, un peu kraut, un peu noise…

Titou : Et parfois, on fait des jams pas du tout zouk. Mais y’a une idée sympa qui sort, et hop, on l’incorpore. C’est comme ça que ça donne ces mélanges un peu à côté.

Loïc : Et puis on est parfois un peu impatients, un peu vénères. Alors à force de faire tourner, faire tourner, on finit par allumer la pédale de disto !

Vous restez quand même très respectueux du style...

Coco : Oui, carrément. On a vraiment essayé de choper ce truc un peu "schlingo" des synthés, par exemple. Chez Kassav, les intros sont souvent incroyables. Sur un seul album, t’as genre 72 sons de synthé différents… et rien que dans une intro, y’en a déjà quatre. Parfois, ça n’a même rien à voir avec le morceau qui suit, et c’est ça qu’on adore.
Quand on bœuf, on essaie de capter cette tournure-là, ce feeling. Mais bon, c’est pas évident à choper pour des blancs-becs… On tente quand même, on va chercher ce truc-là.

 

Et vous avez déjà joué devant des puristes ? Des gens qui voient écrit "zouk" sur l’affiche et qui viennent pour du zouk, du vrai ?

Coco : Oui, ça nous est arrivé, au Fret par exemple. Il y avait un couple de vacanciers, ils sont venus exprès, pensant voir un concert de zouk… et au final, ils sont restés et ont bien accroché.

 

Et alors, ils ont coupé-décalé ou plutôt découpé-calé ?

Coco : Au Fret, à "la Jetée", c’était plutôt décalé-décalé !

 

Beaucoup de groupes ont du mal à capter le groove de la scène en studio… Or, votre disque est vraiment fidèle à ce que vous faites en live. Pouvez-vous nous parler de son enregistrement?

Coco : On a tout enregistré en live : guitare, basse, batterie, tous les trois dans la même pièce. Parfois, on a découpé les morceaux en plusieurs parties, mais toujours sans clic, et ensemble, en direct. C’est sûrement ça qui donne ce côté vivant — et c’était exactement ce qu’on cherchait. Merci Jacky Cadiou (Syndrome 81) au passage ! Le tempo bouge, comme en concert, rien n’est figé. Ensuite, on a fait quelques re-recordings pour les synthés, les voix, quelques guitares et autres petits détails… mais le cœur du disque, c’est du live à trois.

 

 

Et la pochette, c’est vous qui l’avez réalisée ?

Coco : Ouais, enfin… c’est Jean-François. Mais en fait, on s’appelle tous Jean-François dans le groupe (rires).
C’est un montage à base de vieilles photos de magazines, avec des constructions un peu brutalistes des années 70, découpées façon scalpel. Au final, ça donne un truc qui évoque un peu les Antilles… mais pas trop. C’est pas « gros soleil » en mode cliché, quoi !

 

Comment peut-on se procurer votre disque ?

Coco : À Brest, on peut le choper chez Bad Seeds. Et pour les non-Brestois, il est en commande sur leur site (https://www.badseedsrecordshop.com/release/1748091853/coupe-coupe-adieu-president). Il a été pressé en 300 exemplaires, en autoproduction totale. Sinon, il est aussi en écoute gratuite sur Bandcamp.

 

Liens:

https://www.facebook.com/coupecoupe.brest

https://coupecoupe.bandcamp.com/

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A
Ça vous arrive d'interviewer des filles ?<br /> Bravo pour le reste et merci pour la belle découverte de Coupe-Coupe .
Répondre
A
Je ne fais pas beaucoup d'interviews mais oui, ça m'arrive d'interviewer des filles, lol : https://www.alternativeradio.fr/2023/10/interview-the-barn-swallows.html<br /> Et bien content de t'avoir fait découvrir Coupe Coupe ;)